Le parcours proposé par Slavs and Tatars

Artistes exposés: Askhat Akhmedyarov, Said Atabekov, Alibay Bapanov, Nazzy Beglari, Medina Bazarğali, Saule Dyussenbina, Madina Joldybek, Dilyara Kaipova, Kubra Khademi, Almagul Menlibayeva, Gulnur Mukazhanova, Nazilya Nagimova, Aziza Shadenova, Guzel Zakir


Le parcours proposé par Slavs and Tatars pour Asia NOW rassemble quatorze artistes originaires d'Asie centrale dont la pratique artistique est enracinée dans le textile ou y est étroitement liée. Cette exposition s’attache aux techniques de tissage et l’art de la fibre en Asie centrale, les envisageant comme un moyen de mieux appréhender les frontières floues entre l'illusoire et le réel à notre époque. Répartie sur six sites de la Monnaie de Paris, cette sélection met en lumière la nature discursive de l'artisanat dans le contexte local de l'Asie centrale et son l’environnement régional et mondial.

Par leur nature même, les textiles contiennent des multitudes, dans leur production, à travers la trame et la chaîne de plusieurs fils, tout comme dans leur généalogie : par le transfert de connaissances et de savoir-faire collectifs. L'ikat d'Asie centrale, par le biais de multiples cycles de teinture, ajoute un élément supplémentaire à cette acceptation des quantités, de l'abondance et de l'excès. Ce qui en résulte souvent est un effet scintillant, car les fils sont teints avant d'être tissés, et les aligner parfaitement devient une tâche presque impossible ; par essence, un flou, mais un flou recherché, convoité et précieux.

Le tissage des ikats est appelé abr-bandi, un terme d'origine persane, signifiant "nouer des nuages". Dans le contexte du début du XXIe siècle, en pleine ère de l'information, le nouage de nuages des ikats suggère un autre horizon : celui des données et de la numérisation autant que celui des teintures et des fibres.

Nous sommes fiers d'annoncer que Slavs et Tatars seront les premiers artistes à occuper le poste de Commissaire Invité pour la 9e édition d'Asia NOW.

Slavs and Tatars est un collectif d’artistes de renommé international dont le travail se focalise sur la zone située à l'est de l'ancien mur de Berlin et à l'ouest de la Grande Muraille de Chine connue sous le nom d'Eurasie. La pratique du collectif repose sur trois activités : des expositions, publications et conférences-performées. Leur travail a fait l’objet d’expositions individuelles au MoMA, NY; à Salt, Istanbul; au Kunsthalle Zurich; au Vienna Secession et au Ujazdowski Centre for Contemporary Art, Varsovie; Villa Arson, Nice; Albertinum Dresden; Centre Pompidou Metz parmi d'autres.

La pratique du collectif s'articule autour de trois activités : les expositions, les publications et les conférences-performances. Slavs and Tatars ont publié plus d'une douzaine de livres, y compris une traduction de l'hebdomadaire azéri satirique « Molla Nasreddin » et récemment Лук Бук (Look Book)  avec Distanz Verlag. En 2020, Slavs and Tatars a ouvert Pickle Bar: un projet entre espace d'art et un apéritivo bar slave, situé a deux pas de leur studio dans le quartier de Moabit à Berlin.

Pickle Bar a exploré des sujets tels que l'héritage des livres d'enfants socialistes, les langues et dialectes queer ainsi que l'artisanat en tant que pratiques décoloniales avec des artistes, des performeurs, des chercheurs et des poètes. Pour la première fois en France, Pickle Bar a été invité récemment par Radicants afin de proposer une version slave de l'aperitivo bar : inviter les Parisiens à participer à un programme de performances avec des artistes d'Europe de l'Est et du Caucase tout en dégustant une boisson fermentée. Depuis plusieurs années, Slaves et les Tatars s'intéressent à la fermentation au sens propre et au sens figuré : comme moyen d'action politique, en utilisant des notions telles que l'avarié et le souillé. En effet, la fermentation préserve par son contraire - le pourrissement - ce qui nous permet de dépasser la pensée binaire des Lumières, qu'il s'agisse de "l'Est contre l'Ouest", du "local contre le global" ou de la "tradition contre la modernité".

Ils ont développé leur pratique curatoriale, y compris des éléments de mentorat, de soutien et de collaboration avec d'autres artistes, à travers des invitations d'institutions culturelles internationales, et jusqu'aux événements artistiques les plus prescriptifs.

Cette exposition réunira 14 artistes d’Asie Centrale qui travaillent les textiles, avec le but de mieux comprendre les questions de l’artisanat, de l’identité et de l’information. Un espace de lecture et un Chaikhaneh (salon de thé) agiront comme des espaces d’activation et d’être ensemble, qu’ils soient discursifs ou gustatifs.

Par leur nature même, les textiles contiennent des multiplicités. Ceci est vrai tant dans leur production par la trame et la chaîne de plusieurs fils, ainsi que dans leur généalogie, par le transfert de savoir-faire et de connaissances collectives. L’ikat d’Asie centrale ajoute un autre élément – par de multiples étapes/cycles de teinture – à cette conception des quantités, de l’abondance, de l’excès. Ce qui en résulte souvent est un effet miroitant – car les fils sont teints avant leur tissage, donc leur alignement parfait devient un exploit presque impossible – essentiellement, un flou, mais qui est recherché, convoité et prisé.

Le tissage des ikats est appelé abr-bandi, un terme d’origine persane, qui signifie « nouer les nuages ». Vu de notre perspective du début du 21ème siècle, au plus fort de l’ère de l’information, le nouage-des-nuages des ikats suggère un autre horizon : celui de la data et de la digitalisation, autant que celui des teintures et des tissus.

Parcours, proposé par Slavs and Tatars, est soutenu par Sisley.